La notion "contact alimentaire" (ou "food safe") est souvent associée, avec légèreté, au respect du référentiel de la CPSIA (Consumer Product Safety Improvement Act, organisation américaine impliquée dans le respect des normes sanitaires de différentes industries) qui garantit :
Absence de plomb et de métaux lourds extractibles
Absence de BPA
Absence de phtalates
Absence de PVC, diisocynates, chlorine ou autres plastifiants
Absence de latex (non naturel)
Nous parlons ici bien de notion et non pas de certification car d’après notre contact avec le bureau d’études “Qualité et valorisation des denrées alimentaires” de la DGCCRF [experts des questions relatives aux denrées alimentaires, notamment à leur conditionnement], il n’en existe tout simplement pas,
Pour vous donner la trame de notre investigation, nous avons d’abord contacté notre fournisseur de tissu PUL qui ne fut en mesure de nous donner une réponse claire sur l’aptitude alimentaire de ses productions, cette dernière étant régie par une législation très spécifique.
Un long chemin s’est alors dessiné, commençant par :
Une demande d’information au label Oeko-Tex (notre PUL étant porteur de ce label) qui nous explique ne régir en rien ce domaine d’application, se concentrant uniquement sur l'innocuité des textiles au contact de la peau.
Oeko-Tex nous renvoie alors vers l’IFTH (Institut Français du Textile et de l’Habillement, dont vous avez sûrement entendu parler si vous étiez concerné par la confection de masques barrières)
Qui sans réponse nous renvoie vers le laboratoire IANESCO
Qui à son tour nous renvoie vers la DGCCRF pour pouvoir discuter des modalités techniques qu’impliquent le contact alimentaire appliqué au textile.
Ci-dessous, un extrait de notre contact avec le bureau cité précédemment :
“Les textiles ne font pas actuellement l’objet d’une règlementation spécifique [ au contact alimentaire ], que ce soit au niveau communautaire ou national.
Ces produits entrent dans le cadre des matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires au sens du Règlement (CE) n°1935/2004.
Ils doivent donc notamment respecter l’article 3 du règlement précité qui prévoit que les matériaux et objets sont fabriqués conformément aux bonnes pratiques de fabrication afin que, dans les conditions normales ou prévisibles de leur emploi, ils ne cèdent pas aux denrées alimentaires des constituants en une quantité susceptible :
de présenter un danger pour la santé humaine,
d’entraîner une modification inacceptable de la composition des denrées,
d’entraîner une altération des caractères organoleptiques de celles-ci
Pour cela une preuve de l’inertie du matériau vis-à-vis de la denrée alimentaire doit être apportée notamment par la réalisation d’un test de migration globale, notamment s’il y a, au cours de la fabrication, un traitement chimique susceptible de modifier son aptitude au contact alimentaire. “
Pour résumer ces propos, l’aptitude au contact alimentaire d’un textile doit être testée plusieurs fois, dans des conditions d’utilisation différentes, comme par exemple :
un stockage courte durée ou longue durée,
stockage réfrigéré, en congélation, à température ambiante, à température élevée,
stockage d’aliment sec/gras/humide/…
etc.
Les tests à réaliser contrôlent l’éventuelle migration des éléments cités au début de cet article.
Etant donné la complexité et le nombre de tests possibles, il n’existe pas de certification mais simplement un ensemble de règles qu’un textile dit “contact alimentaire” doit respecter, selon des conditions d’utilisation données et spécifiées au moment de la vente.
L’ensemble de ces règles sont spécifiées dans le Règlement UE n°10/2011 , document très institutionnel, disponible sur cette page du site contactalimentaire.fr.
Une des questions les plus fréquentes à laquelle nous devons répondre concerne la compatibilité directe de notre PUL avec les denrées alimentaires.
Nous sommes aujourd’hui en mesure d’y apporter une réponse claire : notre avis est négatif, par précaution, pour les raisons évoquées dans le paragraphe précédent.
Il nous est impossible de dresser une liste exhaustive des conditions d’utilisation du PUL au contact d’aliments et de réaliser l’intégralité des tests nécessaires permettant d’attester son aptitude.
Au delà de ce raisonnement technique, notre réflexion écologique vient confirmer cet avis : le PUL est constitué d’un jersey 100% coton GOTS dont une face à reçu une enduction de polyuréthane laminé. Cet enduit est une sorte particulière de plastique, donc issu d’un dérivé pétrolifère, et même s’il est certifié Oeko-Tex (sans risque au contact de la peau), nous ne recommandons pas son association directe avec des denrées alimentaires.
Quelles alternatives pour vos créations imperméables et alimentaires ?
insérer une épaisseur de popeline 100% coton certifié GOTS entre le PUL et les denrées alimentaires pour une utilisation la plus simple possible et clairement expliquée aux usagers : pas de micro-ondes, pas de congélateur, pas de lave-vaiselle et pas de contact direct (les charlottes ne doivent pas toucher les aliments).
les désormais très célèbres Bee’s Wrap, tissus enduits de cire d’abeille pour la conservation alimentaire, dont vous pouvez retrouver notre tutoriel d’élaboration complet ici. L’utilisation de cire végétale comme la cire de carnauba est une alternative vegan pour la réalisation de ces tissus enduits.
Fondatrice et co-gérante de Cousu Bio, j’ai créé la boutique en 2016 après des études en sciences humaines et politiques (Sciences Po) et en entrepreneuriat. Le textile et la couture sont mes passions, un univers pour lequel je me forme et innove au quotidien.